Joseph Babinski

Joseph Babinski (1857-1932)



Joseph Babinski, né à Paris de parents polonais le 17 novembre 1857, frère d'Henri né en 1855, fut un grand neurologue français, Chef de Clinique de Charcot à la Salpêtrière. Son père, Aleksander Babinski, ingénieur géomètre à l'Inspection des carrières, avait rejoint la France suite à l'Insurrection de Grande-Pologne de 1848 à laquelle il avait participé. Il s'était marié à une polonaise, Henryeta Weren, qu'il laissa élever ses fils à Paris jusqu'en 1870, s'étant vu offrir un travail bien payé à la défense péruvienne (après un nouveau passage en Pologne pour l'insurrection de 1863). Henryeta, femme douée d'une grande intelligence, refit ses études afin d'aider  au mieux ses enfants dans les leurs, qu'ils effectuèrent en partie à l'Ecole Polonaise des Batignolles. Forts de leur éducation, les enfants Babinski furent, toute leur vie, attachés aux valeurs et traditions polonaises (sans pour autant renier la France); ils orthographiaient leur nom avec un n' accentué, qui n'existe que dans l'alphabet polonais. Joseph souhaitait d'ailleurs que l'on prononce son nom à la polonaise, le "in" prononcé comme dans "cognac". Henri prépara le concours de l'école des Mines, tout en acceptant des petits jobs afin d'aider financièrement les siens, à une époque ou Aleksander était atteint d'une maladie de Parkinson, à laquelle il devrait plus tard succomber.  Grâce à Henri, Joseph put s'adonner aux études médicales sans aucun souci matériel. Ils vécurent ensemble à la mort des parents, s'adorèrent, l'un passant systématiquement embrasser l'autre en rentrant d'une soirée à l'extérieur. 

Babinski fut l'élève de Cornil, Vulpian et Bucquoy. Alors qu'il était hésitant sur son avenir, et qu'il préparait le concours de la Médaille d'or, devant arriver second derrière Richardière (automatiquement assigné à la Charité par conséquent), il fut contacté par Charcot qui était à la recherche d'un chef de clinique. Il accepta, et fut nommé médecin des hôpitaux en 1890. Pendant près de 40 ans, ses journées furent monotone: matinées à l'hôpital, après-midis dédiées aux consultations, soirées à l'Opéra où il faisait office de médecin, ou à domicile à travailler ses publications, tandis qu'Henri lui préparait de bons petits plats, qu'il avalait avec une certaine tachyphagie.  Il était tantôt décrit comme froid, distant, tantôt comme réservé, timide, "à l’œil bleu à la fois caressant et scrutateur". Tout le monde s'accordait à le trouver "beau à voir", grand (il mesurait près de deux mètres de haut), majestueux, à la voix caverneuse qu'on n'entendait que très peu: même en examinant ses malades, il ne disait mot! Il créa pourtant de nombreux néologismes, dont la plupart sont encore utilisés dans le langage médical courant: anosognosie , anosodiaphorie , asynergie cérébelleuse , diadococinésie , catalepsie cérébelleuse , équilibrations volitionnelles , hypermétrie, pithiatisme , thermo-asymétrie, pseudo-tabes spondylosique , phénomènes physiopathiques . On le disait travailleur, perfectionniste , scrupuleux, méticuleux, exigeant, en proie à une sempiternelle "maladie du doute". Personnage non dénué d'humour, il semble toutefois qu'il eût été doté d'un humour douteux, partageant des blagues sur les juifs et appréciant les caricatures de Jean-Louis Forain (antidreyfusard et antisémite). On ne lui connait toutefois pas, bien qu'étant membre de l'Action Française, de caractère antisémite ou antidreyfusard...

Membre fondateur de la Société de Neurologie, il fut nommé à l'Académie en 1914. Retraité en 1922, Vaquez, son successeur, lui proposa de continuer une consultation hebdomadaire, qu'il accepta volontiers. Après la disparition d'Henri, en 1931, il cessa de s'intéresser à la médecine, et mourut en 1932, non sans hommages. 





Sources:
- La Revue du Médecin, 1929-1930
- L'informateur médical, 1932 (11ème année)
- Joseph Babinski, a biography (Jacques Philippon, Jacques Poirier)
- Gazecki A.P., Hachinski W. — On the names of Babinski, Can. J. Neurol. Sci. 1996, 23, 76-79.
- Joseph Babinski, une personnalité complexe. Jacques Poirier, 2007. 

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