William Milton Landau


William Milton Landau


Quasiment indissociable de la Washington University de St Louis, Missouri, William M. Landau, « Bill » pour les intimes, n’en était né qu’à quelques encablures, au 4732 Westminster Place, le 10 octobre 1924(8). Il passa son enfance dans le même quartier, entre l’école élémentaire Eugene Field (du nom du fils de l’avocat qui défendit Dred Scott, dans l’affaire célèbre de demande de mise en liberté, refusée, de cet esclave Noir, en partie à l’origine de la Guerre de Sécession) et le lycée très compétitif Soldan High School. Il envoya sa candidature à l’Université de Chicago en 1941 (à l’aube de ses 18 ans), où son grand frère Richard, qui venait de terminer ses études de médecine à St Louis, allait démarrer l’internat. Il fut également admis à Harvard mais décida que l’Université de Chicago, où il avait obtenu une bourse, était « largement suffisante » (8). Là, alors qu’il terminait son premier cycle de médecine, il s’adonna au golf et rencontra sa future épouse, Roberta « Pudge » Hornbein, titulaire d’un diplôme d’astrophysique et bientôt professeure de physique. De cette union naquirent trois fils (David, John et George) et une fille (Julie), desquels découlèrent onze petits-enfants et quatre arrière-petits-enfants.
Durant ses études à Chicago, alors que les Etats-Unis étaient entrés en guerre, Landau aurait dû être mobilisé. Son admission en Faculté de Médecine aurait pu lui permettre d’en être protégé durant un an et d’être nommé second lieutenant dans The Army Specialized Training Program (ASTP), programme militaire supporté par une bourse fédérale (et non rémunéré). Or, Landau préféra se présenter au programme rémunéré de l’armée, duquel il fut refusé, non pas à cause de sa tentative de masquer sa myopie (il portait lors de l’examen l’une des toutes premières paires de lentilles de contact), mais à cause d’une tachycardie réactionnelle à sa supercherie (le port de lentilles de contact était bien entendu interdit), et d'un souffle fonctionnel. En décembre 1942, mobilisé, Bill s’engagea à Lemay, Missouri. Son père, un businessman fort en affaires, partit alors rencontrer Harry Truman, sénateur du Missouri. Il pressentit que ce dernier serait demandeur de pot-de-vin et préféra par conséquent s’adresser directement au représentant du district à Washington, John Cochran, qui envoya Bill, en janvier 1943, rejoindre l’ASTP, dont il sortit en 1944. Bill Landau termina ses études de médecine à la Washington University en 1947 et épousa Pudge la même année. Attiré par la neurophysiologie, il conduisit des recherches dans le laboratoire de George Bishop (8), puis débuta un internat de médecine générale à Chicago, avant de rentrer à l’hôpital de St Louis étudier dans un tout nouveau programme (Residency) de neurologie. Les années qui suivirent furent marquées par un fellowship sur les voies pyramidales, puis après une année à Cambridge, un nouveau fellowship au National Health Institute (NIH) qui lui permit d’éviter une nouvelle mobilisation dans l’armée, en 1950(9).
Diplômé en psychiatrie et neurologie en 1957, Landau fut nommé Professeur Assistant en 1954, Professeur en 1963, pour enfin prendre la tête du service de neurologie de l’hôpital de St Louis en 1970, jusqu’en 1991, puis être nommé Professeur Emérite en 2012. Il disait préférer être nommé chef de service (head en anglais) que titulaire de la chaire de neurologie (chair en anglais), car ce métier exige un cerveau, non un fessier(9). Il reçut, en 1989, un Distinguished Faculty Award. Il fonda le premier laboratoire d’électroneuromyographie de la région. Ses travaux, nombreux et éclectiques, s’intéressèrent entre autres aux mouvements anormaux(10), aux pathologies neuro-vasculaires(11), à la spasticité(12), au réflexe plantaire chez le nouveau-né(13), aux syndromes épileptiques de l’enfant(14) mais également aux arrêts cardio-respiratoires(15): il conduisit notamment une étude dans les années 1990 sur les arrêts cardio-respiratoires ressuscités, montrant que ces patients avaient une qualité de vie altérée au décours, et suscitant des questionnements éthiques sur leur réanimation(16). Fort de son expérience et passionné par la neurologie, il publia dans la littérature internationale jusqu’en 2014, trois ans seulement avant son décès (10). Non dénué d’humour, les titres de ses articles étaient très fréquemment ponctués de jeux de mots (11,17,18).  Fin critique, il était redouté des neurologues présentant leurs travaux aux Neurology Grand Rounds, se réveillant soudainement pour poser la question fatale(9).
Démocrate, Landau était décrit par sa propre fille Julie comme étant doué d’un grand sens de la justice, de compassion, de ténacité, de soif de savoir et d’amour de sa famille (19). Si son confrère, le Dr David Holtzman, disait de lui qu’il « aimait St Louis et la Washington University plus que quiconque », William Landau lui donna raison le 2 novembre 2017, en décédant, à l’âge de 93 ans, à son domicile situé sur le campus universitaire.

Références:
8.         12williamlandautranscriptfinal_ft.pdf [Internet]. [cited 2019 Apr 28]. Available from: https://www.aan.com/siteassets/home-page/footer/about-the-aan/history/12williamlandautranscriptfinal_ft.pdf
9.         Perlmutter JS. William M. Landau, MD (1924–2017). Neurology. 2018 Jan 30;90(5):209–10.
10.       Landau WM. Gait speed in Parkinson disease correlates with cholinergic degeneration. Neurology. 2014 Jul 1;83(1):102–3.
11.       Landau WM. What is a lacune? Dogged déjà vu doggerel. Stroke. 2009 Jul;40(7):e498–499; author reply e500.
12.       Landau WM. Oral antispastic drugs in nonprogressive neurologic diseases: a systematic review. Neurology. 2005 Jun 14;64(11):1989-1990-1990.
13.       Landau WM. The extensor plantar response in neonates is not the same as the Babinski sign. Pediatr Neurol. 2005 Sep;33(3):223.
14.       Landau WM, Kleffner FR. Syndrome of acquired aphasia with convulsive disorder in children. Neurology. 1957 Aug;7(8):523–30.
15.       Landau WM. Cardiac arrest in public versus at home. N Engl J Med. 2011 28;364(17):1675; author reply 1676.
16.       Jaffe AS, Landau WM. Death after death: the presumption of informed consent for cardiopulmonary resuscitation--ethical paradox and clinical conundrum. Neurology. 1993 Nov;43(11):2173–8.
17.       Landau WM, Nassief A. Editorial comment--time to burn the TOAST. Stroke. 2005 Apr;36(4):902–4.
18.       Landau WM, Cowan WM. Anointed but not appointed. Science. 1971 Mar 19;171(3976):1098.

19.       In Memoriam: Former ANA President William M. Landau | American Neurological Association (ANA) [Internet]. [cited 2019 Apr 11]. Available from: https://myana.org/publications/news/memoriam-former-ana-president-william-m-landau

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